17/03/2022
Tushar Jain, docteur 2012, de la Lorraine à l’Inde
Portrait
Interview

Le réseau Alumni docteurs de l’Université de Lorraine publie une série d’interviews de docteurs diplômés en France et travaillant à l’international.

Tushar Jain, docteur en automatique, traitement du signal et génie informatique de l’Université de Lorraine a effectué sa thèse en 2012 au CRAN. Enseignant-chercheur, directeur du centre de formation continue et responsable du service carrière de l’Indian Institute of Technology (IIT) à Mandi, en Inde, il a partagé ses raisons de travailler à l’étranger puis de retourner en Inde, son pays d’origine, tout en gardant le contact et des collaborations avec l’Université de Lorraine

Tout d'abord, parlez-nous de votre parcours à l'Université de Lorraine et de votre arrivée en France.

J'ai obtenu mon master en Technology in Control and Guidance de l’IIT, en Inde, en 2009. Au cours des derniers mois à l'IIT Roorkee, j'étais très motivé pour poursuivre ma carrière en tant que chercheur. Pour donner une exposition internationale à ma carrière de chercheur, j'ai commencé à postuler dans quelques universités sélectionnées en fonction des thématiques de recherche dans le domaine des systèmes automatiques. Ma demande de candidature pour réaliser un doctorat a été acceptée au Swinburne Institute of Technology, en Australie, à l'Université du Kent, au Royaume-Uni, à l'Université de Pretoria, en Afrique du Sud et à l'ex Université Henri-Poincaré, à Nancy. Je n'étais pas tout à fait sûr à ce moment-là de l’université à choisir pour mes études supérieures. Pour en savoir plus sur mon parcours et mon expérience, j'ai eu des échanges téléphoniques avec Dominique Sauter et Joseph Yamé, enseignants-chercheurs en Lorraine, qui m'ont proposé un sujet de thèse. Après avoir échangé avec eux, j'ai finalement choisi de travailler à Nancy au sein du Centre de recherche en automatique de Nancy (CRAN).

Ma thèse, que j'ai soutenue en 2012, a été financée par le ministère français de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Comme je ne connaissais personne avant mon arrivée en France, mes encadrants m'ont énormément aidé pour les formalités administratives et l’installation durant les premiers jours à Nancy, notamment pour le logement, car je n'étais pas très à l'aise avec la langue française. Je les remercie vivement pour leur premier geste. Les autres membres du CRAN m'ont également accueilli et ont interagi avec moi en anglais pour rendre mon séjour confortable au laboratoire.

Après l'obtention de votre doctorat, quels postes avez-vous occupés ? Pourquoi avoir choisi la Finlande, puis l’Inde ?

Pendant mon doctorat au CRAN, Dominique Sauter a invité Sirkka-Liisa Jamsa-Jounela, de l'Université d'Aalto en Finlande, pour donner un séminaire de recherche en automatique, qui m'a semblé très intéressant. De plus, en interagissant avec plusieurs autres chercheurs lors de conférences internationales, j'ai commencé à m'orienter davantage vers la recherche. La formation que j'ai reçue de mes encadrants a concrétisé ma décision de choisir la voie de la recherche, soit dans le milieu universitaire, soit dans un département recherche en entreprise. Après la soutenance de ma thèse, le Dominique Sauter a recommandé mon nom à Jamsa-Jounela pour un post-doc dans son laboratoire. De plus, ma thèse était liée à des concepts théoriques, alors que le post-doctorat faisait partie d’un projet européen nouvellement accepté avec une opportunité de travailler à la fois dans un milieu universitaire et en collaboration avec un partenaire industriel au Royaume-Uni. Par ailleurs, j'avais toujours eu comme objectif, et à long terme, de retourner en Inde. Par la suite, j'ai rejoint l'IIT Mandi en tant que professeur permanent en juillet 2015.

Vous avez travaillé en Finlande : qu'avez-vous retiré de cette expérience ? 

L'environnement en termes d'activités de recherche dans les laboratoires était le même en France et en Finlande. Il y avait juste une légère différence en dehors du labo car la majorité des gens parlent anglais en Finlande. Je dois remercier Dominique Sauter qui m'a motivé à suivre et à organiser des cours de français, ce qui a amélioré mes compétences linguistiques. Mais en raison de mes autres engagements, je n'ai pas pu atteindre ce niveau, même en suivant des cours de français. Cependant, il n'y avait pas de telles restrictions à l'Université d'Aalto. J'ai partiellement enseigné quelques cours à des étudiants de troisième cycle à Aalto. De plus, j'ai eu l'opportunité de participer à un appel à projet en recherche que j’ai déposé à la prestigieuse Académie de Finlande et qui a été accepté. J'ai également encadré et dirigé des projets de master à Aalto. Ainsi, toutes ces responsabilités académiques, l’ouverture à l’international et les opportunités que j'ai reçues en Finlande ont en effet fait de moi un chercheur plus indépendant.

Vous êtes en contact avec le laboratoire le CRAN à Nancy. Pourriez-vous donner des exemples de collaboration ? Comment cette collaboration avec l'Université de Lorraine pourrait-elle contribuer à développer la formation et la recherche au sein de votre institut en Inde ?

Depuis que j'ai terminé mon doctorat au CRAN, j'ai été en contact permanent avec mes encadrants. Nous avons terminé quelques articles de recherche suite à mon post-doctorat avec Dominique Sauter et Joseph Yamé. Après avoir rejoint l’IIT Mandi, j’ai été invité au CRAN pour finir d'écrire un livre, qui a ensuite été publié chez Springer. Nous avons dirigé avec Joseph Yamé une co-tutelle de thèse d’un doctorant qui a été diplômé de l'IIT Mandi en 2021. Il travaille maintenant chez Mercedes-Benz, en Inde. En dehors de cette collaboration académique, nous sommes régulièrement en contact à titre personnel. Au vu de mon parcours, je peux en effet dire que la collaboration de recherche ou académique entre l'IIT Mandi et l'Université de Lorraine sera sans aucun doute utile afin de :

  • rédiger des propositions de recherche conjointes à soumettre au CEFIPRA, programme de coopération scientifique entre l’inde et la France, ou à d'autres organismes de financement,
  • encadrer des chercheurs de niveau master et doctorat afin que les étudiants puissent avoir une ouverture à la recherche dans les deux pays,
  • mettre en place des échanges d’étudiants pour des stages afin qu'ils soient davantage motivés pour choisir leur orientation professionnelle,
  • organiser des cours de français par l’Université de Lorraine pour les étudiants de l'IIT Mandi, en ligne ou en présentiel, avec attribution de crédits,
  • mettre en place des échanges avec des enseignants chercheurs.

Au nom de l'IIT Mandi, je serais heureux de prendre des initiatives dans ce sens.

Pour en savoir sur les compétences de Tushar Jain, connectez-vous sur l’annuaire des Alumni !

Article source : Factuel