Sujet de Thèse
Titre :
Impact du bruit sur les professionnels de santé apprenants, réalisant des tâches opérationnelles dans un espace clos
Dates :
2023/06/01 - 2026/05/31
Encadrant(s) : 
Autre(s) encadrant(s) :
, Pr Bolmont Benoît (benoit.bolmont@univ-lorraine.fr)
Description :
Nous sommes confrontés à la pollution sonore dès le plus jeune âge : dans les crèches, en cour de récréation, en salle de classe ou au travail. Le bruit est mesuré en décibels (dB)*. Le décibel est une unité logarithmique qui signifie qu'un doublement de l'énergie acoustique, induite par un doublement du nombre de personnes qui parlent dans une pièce peut induire une augmentation du niveau sonore de 3 décibels.

En français, il existe de nombreuses définitions pour caractériser le nom commun «bruit». De manière courante, il correspond à « l'ensemble des sons produits par des vibrations, perceptibles par l'ouïe ». Si nous nous référons à la notion de physiologie humaine, le bruit correspondra à un «phénomène acoustique produisant une sensation auditive considérée comme désagréable ou gênante ». Dans la mesure où le bruit engendre une gêne ou un défaut au niveau du système auditif lors de la compréhension du signal sonore, nous préférerons la seconde définition.

Les effets biologiques du bruit ne sont pas induits directement par l'énergie acoustique au niveau du système auditif, mais par son impact sur l'individu de manière globale. La difficulté d'identification de ces effets réside dans le fait que chaque individu est unique et n'aura pas la même tolérance au bruit, et cela en fonction du type et de la quantité d'exposition à la source sonore nuisible. Cela se retrouve dans de nombreux domaines d'activités professionnelles et notamment en salle d'opération.

Problématique :

J'ai déjà publié une revue systémique de la littérature sur la compréhension dans un espace clos bruyant d'une salle d'enseignement. Il existe un
retentissement sur les performances cognitives dans le bruit avec une corrélation des performances cognitives et la perception dans le bruit pour la vitesse d'exécution (r=0,39), la mémoire (r=0,28), la mémoire rapide (r=0,26) et le QI (r=0,18). L'association globale entre les performances cognitives globales et la perception dans le bruit était de r=0,31. Il existe également des modifications inflammatoires et immunologiques. Le bruit a déjà été étudié d'une façon générale à l'hôpital et plus spécifiquement en salle d'opération sous forme de musique avec des retentissements sur les patients, sur les chirurgiens dans un environnement de simulation, dans un environnement réel et sur toutes les personnes présentes au bloc opératoire. La conclusion de cette dernière revue montre que des niveaux de bruit élevés (au travers de la musique) semblent avoir un effet négatif sur les résultats des patients et nuire aux performances des intervenants dans la salle d'opération. Ils insistent sur la nécessité de recherches supplémentaires pour évaluer les performances chirurgicales. En dehors de la musique en salle d'opération, il n'y a pas d'étude s'intéressant à l'impact du bruit sans s'intéresser uniquement à la musique en dehors d'une revue sur le bruit du fraisage de la mastoïde par les chirurgiens ORL. Celle-ci s'intéresse uniquement à des niveaux d'exposition au bruit et non de son retentissement.

Au sein d'une salle d'opération, une pollution sonore constante est présente avec l'utilisation du monitorage d'anesthésie, la manutention du matériel opératoire, d'échanges verbaux ou de musique. Les tâches opérationnelles de l'acteur principal d'une salle d'opération doivent-être très précise et requièrent un haut niveau de concentration. Ainsi nous pourrions nous interroger sur l'impact de la pollution sonore d'une salle d'opération sur le niveau de concentration d'un opérateur ?

Hypothèse:
L'hypothèse principale est la recherche d'une corrélation ou non entre l'environnement sonore d'une salle d'opération et la concentration d'un
opérateur lors de la réalisation d'une tâche opérationnelle.

Méthodologies:
Afin de répondre au mieux à cela, nous débuterons notre travail par une revue de la littérature sur le bruit en salle opératoire et les moyens de mesures de la concentration déjà utilisés. Ensuite, un protocole d'étude sera proposé afin de pouvoir répondre à notre problématique de départ et vérifier ou non nos hypothèses. Ce protocole d'étude nommé ESC01 (évaluation /son/ concentration /n°01) sera une étude prospective observationnelle sur l'évaluation du niveau de concentration de chirurgiens apprenants en milieu expérimental (salle opératoire de l'école de chirurgie du CHRU de Nancy) lors de la réalisation d'un tâche opérationnelle précise tel que la suture de vaisseaux.

L'objectif de cette étude est l'évaluation de manière objective du niveau de concentration d'un praticien apprenant au bloc opératoire (chirurgien) en fonction de la pollution sonore environnante en milieu expérimental.

L'objectif principal de cette étude visera à rechercher s'il y a une corrélation entre l'intensité ou le type de fréquence sonore présents au sein d'une salle d'opératoire lors de la réalisation d'un acte et la concentration de l'opérateur. De manière secondaire, il nous faudra analyser si le niveau de complexité de l'acte réalisé par l'opérateur est davantage impacté parle niveau sonore présent dans l'environnement de travail.
Mots clés :
Concentration, sons, bloc opératoire, professionnel de santé, ergonomie cognitive
Département(s) : 
Biologie, Signaux et Systèmes en Cancérologie et Neurosciences