Sujet de Thèse
Titre :
Cognition sociale, qualité de vie et gliomes diffus de bas grade
Dates :
2024/04/09 - 2027/03/31
Encadrant(s) : 
Description :
Les gliomes sont des tumeurs infiltrant le parenchyme cérébral, engageant systématiquement le pronostic vital
(Duffau, 2018). Les gliomes diffus de bas grade (GDBG) constituent le sous-ensemble de gliomes à croissance
lente (pente moyenne de 4 mm/an), permettant à la neuroplasticité de se mettre en place (Duffau, 2020). Les
GDBG touchent des patients jeunes (âge moyen de 34 ans), leur médiane de survie étant estimée de 13 à 15
ans avec chirurgie précoce (Mandonnet et al., 2017).
Le traitement de première intention des gliomes de bas grade est la chirurgie dont la qualité d'exérèse
conditionne le pronostic. Cette dernière doit être idéalement réalisée en condition éveillée avec une
cartographie fonctionnelle cortico-sous-corticale peropératoire, du fait du caractère infiltrant de ce type de
tumeur. Les tâches testées en peropératoire dépendent des réseaux infiltrés. Effectivement, les patients
concernés sont jeunes et l'enjeu de réinsertion socio-professionnelle est alors majeur (Duffau, 2023). Il est
donc primordial de s'assurer de la préservation des fonctions cognitives pertinentes tout en maximisant
l'exérèse tumorale. Il s'agit donc d'équilibrer la balance onco-fonctionnelle propre à chaque patient dans une
optique de médecine personnalisée (Mandonnet et al., 2017).
En seconde intention peuvent-être proposés des traitements comme une chimiothérapie et/ou une
radiothérapie dont les impacts sur la cognition ont été démontrés (Blonski et al., 2022 ; Lawrie et al., 2019 ;
Atallah et al., 2015), ou une thérapie ciblée par anti-IDH, dont les effets sur la cognition restent à évaluer
(AMM en cours d'obtention). Par ailleurs, les interactions entre cognition et qualité de vie sont peu ou mal
explorées par les outils actuels.

Au-delà de l'impact des traitements (principalement la chirurgie et la radiothérapie) sur les fonctions
exécutives et langagières, des études récentes portent plus spécifiquement sur l'évaluation peropératoire de la
cognition sociale, dans sa fonction de reconnaissance des émotions (Herbet et al., 2013 ; Herbet et al., 2014 ;
Vilasboas et al., 2017 ; Yordanova et al., 2017). Ces études mettent en évidence les zones fonctionnelles dans la
reconnaissance des émotions, à préserver lors de l'exérèse, pour une préservation de la fonction.

La cognition sociale regroupe "l'ensemble des aptitudes et expériences émotionnelles et sociales, régulant les
relations entre les individus et permettant d'expliquer les comportements humains individuels ou en groupe"
(Fortier et al., 2016). La mentalisation (ou théorie de l'esprit) est un concept majeur de la cognition sociale, se
définissant comme la "capacité à se former des représentations des états mentaux d'autres personnes et à
utiliser ces représentations pour comprendre, prédire, et juger des énoncés et des comportements" (Premack
et Woodruff, 1978). Deux types de mentalisation ont été décrits : une mentalisation cognitive (froide),
renvoyant à l'attribution de pensées, croyances et intentions aux autres, et une mentalisation affective
(chaude), régissant l'attribution d'états affectifs, émotions ou sentiments aux autres. Ces deux types de
mentalisation seraient relativement indépendants (Duval et al., 2011). A ce jour, dans les GDBG, les études
réalisées portent uniquement sur l'évaluation pré-per et postopératoire de la reconnaissance des émotions.
Par ailleurs, la prosodie est une fonction suprasegmentale du langage dont le rôle très important dans la
communication orale est communément admis. Elle recense plusieurs paramètres comme l'intonation, l'accent
et le rythme (débit et pauses). La prosodie assure trois fonctions : modale (définition du type de phrase),
d'organisation (morphosyntaxique et du discours) et expressive (Rossi, 1985). Ainsi la prosodie, comme la
mentalisation, instancie des informations pragmatiques et émotionnelles en réception comme en production,
ce qui en fait un paramètre important de la cognition sociale. La prosodie n'a pas été étudiée dans le cadre des
GDBG.
Les troubles de la cognition sociale peuvent avoir de graves répercussions sur le fonctionnement global, et
ainsi freiner considérablement la réhabilitation socioprofessionnelle, l'ensemble de ces troubles pouvant nuire
à la qualité de vie des patients (Franck, 2019). Il est alors intéressant d'étudier les troubles de la cognition
sociale en lien avec la qualité de vie, élément fondamental dans la prise en charge des patients atteints de
GDBG.

Notre objectif principal est alors d'étudier l'évolution des troubles de la cognition sociale en s'attachant
particulièrement à la prosodie et la mentalisation, en lien avec la qualité de vie, des patients atteints de GDBG,
à chaque étape de leur traitement. Notre objectif secondaire est d'identifier les bases neurales de la
mentalisation et de la prosodie.
Nous formulons les hypothèses suivantes :
• Les patients avec de meilleures performances en cognition sociale ont un score supérieur à l'échelle de
qualité de vie.
• L'irradiation des structures en jeu dans la mentalisation et la prosodie pro-voque un déclin en cognition
sociale.
• La désinfiltration tumorale par chimiothérapie induit une amélioration des performances en cognition
sociale.
• L'infiltration tumorale induit une dégradation des performances en cognition sociale
Mots clés :
Cognition sociale, qualité de vie, gliomes diffus de bas grade, prosodie, théorie de l'esprit
Département(s) : 
Biologie, Signaux et Systèmes en Cancérologie et Neurosciences